Dans l’univers artistique contemporain, la géométrie n’est plus simplement un langage formel : elle devient un pont entre mémoire, spiritualité et esthétique pure. Au Maroc, cette rigueur visuelle s’enracine dans des siècles de savoir-faire, tout en s’invitant aujourd’hui sur les cimaises les plus en vue de la scène artistique contemporaine.
La tradition marocaine regorge de motifs géométriques : zelliges, moucharabiehs, tapis amazighs... Chaque forme, chaque répétition obéit à une logique mathématique qui transcende l’ornementation pour toucher à l’essence même du sacré. Dans l’art islamique, l’interdiction de représenter le vivant a longtemps favorisé l’abstraction et le motif. Cette contrainte a généré une richesse visuelle où la géométrie devient langage spirituel.
Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes marocains revisite ces codes avec audace et sophistication. Leur travail mêle rigueur formelle et spontanéité plastique, fusionnant l’héritage des médinas avec l’esthétique internationale du minimalisme ou de l’abstraction post-moderne.
Des artistes comme Hassan Darsi, Younès Rahmoun, ou Mounir Fatmi s’approprient les formes géométriques comme des outils de réflexion sur l’identité, la mémoire collective et la tension entre tradition et modernité.
Dans des lieux comme la Galerie 127, la Fondation Montresso* ou encore le Musée Yves Saint Laurent, la peinture géométrique dialogue avec le design, la photographie et l’artisanat. Elle y trouve un écho naturel dans l’architecture contemporaine d’inspiration vernaculaire : lignes pures, palettes minérales, lumière structurée.
À travers ces espaces, la géométrie marocaine se déploie comme une écriture sensible et contemporaine.
Loin du tumulte figuratif, la peinture géométrique marocaine invite au regard contemplatif. Elle explore l’espace, la répétition, la couleur comme vibration. Elle impose un luxe discret : celui de la mesure, de la structure et de la lenteur.
Dans un monde saturé d’images, elle propose une respiration. Un équilibre.
La peinture géométrique au Maroc n’est pas un simple effet de style : c’est une méditation graphique, une mémoire vivante, et un manifeste esthétique profondément ancré dans la culture d’un pays où l’abstraction a toujours été synonyme de beauté.