Dans les ruelles colorées de Marrakech, entre les galeries avant-gardistes de Casablanca et les médinas envoûtantes de Fès, souffle un vent de renouveau artistique. Il ne s’agit plus seulement de motifs traditionnels ou de couleurs ocre ; une nouvelle scène émerge, vibrante, effervescente, affirmée. Cette scène s’incarne dans ce qu’on appelle la peinture vive – ou vivid painting art – une explosion chromatique et émotionnelle qui capte l'œil autant qu’elle remue l’âme.
La peinture vive est une forme d’art sensorielle et expressive, où la couleur devient le langage principal. Il ne s’agit pas de représenter la réalité avec exactitude, mais plutôt de la transcender, l’exalter, la réinventer. Les teintes sont intenses, les contrastes sont assumés, et chaque toile devient un manifeste de lumière et de liberté.
Dans la peinture vive, on retrouve souvent :
C’est un art qui se vit autant qu’il se regarde. Il ne chuchote pas, il s’impose avec élégance et intensité.
Le Maroc a toujours eu un rapport sensoriel à la couleur : les zelliges, les babouches, les épices, les tissus berbères en témoignent. Il n’est donc pas surprenant que la peinture vive trouve ici un terreau fertile, entre tradition et audace contemporaine.
Des artistes émergents, souvent formés entre Rabat, Paris et Londres, infusent leur pratique d’influences internationales, tout en puisant dans l’imaginaire marocain : les souks, les mosaïques, les paysages désertiques, la calligraphie arabe deviennent autant de points de départ pour des œuvres puissamment colorées et résolument modernes.
Dans un monde souvent marqué par la retenue, la peinture vive est un acte de courage esthétique. Elle ose dire ce que les mots taisent. C’est un art émotionnel, intime, presque viscéral, mais toujours avec une élégance plastique. Chaque toile raconte un cri, une fête, un rêve ou une révolte — le tout porté par une esthétique vibrante, parfois presque psychédélique.
La peinture vive n’est pas qu’une tendance : c’est une philosophie visuelle. Au Maroc, elle trouve un écho profond dans l’histoire des couleurs, dans les traditions ornementales, mais aussi dans les aspirations d’une jeunesse en quête d’expression.
Elle nous rappelle que la couleur n’est pas seulement décorative – elle est identitaire, politique, poétique. Et dans un monde souvent terne, oser la peinture vive, c’est affirmer un goût pour la beauté sans filtre, l’émotion brute, et l’art en liberté.