Être changeante, multiple, traversée, et toujoursfemme.Arrêterde lisser. Commencer à vivre ses variations comme une richesse.
On nous a tant appris à contenir.
À harmoniser, lisser, stabiliser.
À rester polies, claires, égales.
Comme si une femme admirable devait être linéaire. Constante. Prévisible.
Mais la vérité du corps féminin est mouvante.
Elle vibre, elle gonfle, elle s’allège.
Elle s’élève puis retombe.
Elle se retire pour mieux renaître.
Elle traverse.
Chaque mois, notre énergie fluctue, notre peau change, nos pensées tournent autrement.
Et pourtant, nous sommes toujours là — solides, sensibles, lucides.
C’est cela, l’élégance d’être cyclique :
une grâce organique, douce et sauvage à la fois,
qui accepte de ne pas être la même chaque jour.
Une féminité en quatre saisons
Le cycle menstruel est bien plus qu’un simple calendrier biologique.
C’est une météo intérieure, une spirale d’émotions, de sensibilité, de lucidité et de feu.
Pendant les règles, c’est l’hiver : on revient à soi, au repli, au calme.
Puis vient le printemps : montée d’énergie, de désir, de clarté.
L’ovulation, c’est l’été — rayonnement, expression, sociabilité.
Enfin, l’automne : la descente. L’intuition. Parfois la colère. Toujours la vérité.
Apprendre à vivre selon cette carte intérieure,
c’est arrêter de se battre contre soi-même.
C’est cesser de dire « je suis instable » pour commencer à dire :
« je suis vivante. »
Se styliser selon l’émotion
Et si nos vêtements suivaient notre phase ?
Les jours d’ovulation, on se sent magnétique, on ose.
L’organza, les silhouettes fluides, les lignes affirmées.
Les jours prémenstruels, on se cache un peu —
pas pour fuir, mais pour respirer.
Pull doux, chaussettes lourdes, tissus enveloppants.
Les règles nous ramènent à l’essentiel :
blanc cassé, coton, odeur de lavande, pantalon ample.
S’habiller devient un acte d’intelligence hormonale.
Un art de styler ses humeurs plutôt que de les nier.
Une forme de soin textile.
Beauté variable, présence réelle
Notre peau aussi parle.
Plus lumineuse, plus terne, plus grasse, plus sèche.
Plus sensible, plus tactile.
Pourquoi forcer un éclat constant ?
La nouvelle élégance,
c’est celle de la femme qui sait ne pas lutter contre sa lumière intérieure.
Qui sait se reposer, ralentir, s’éteindre un peu — pour mieux rejaillir.
Les routines beauté s’ajustent :
huiles en automne, hydratation profonde en hiver,
fraîcheur au printemps, éclat en été.
Et nos parfums aussi.
Peut-être une eau boisée les jours de fatigue.
Une essence florale quand on se sent libre.
Un rien, les jours où tout parle déjà.
La beauté d’être multiple
Être cyclique, ce n’est pas être instable.
C’est accueillir la pluralité comme une forme d’élégance.
C’est porter plusieurs femmes en soi —
la créative, la sauvage, la douce, la fatiguée, la brillante —
et les aimer toutes.
C’est vivre comme on marche pieds nus dans une maison calme :
en ressentant chaque variation, chaque texture, chaque vibration.
L’élégance d’être cyclique, c’est ne plus s’excuser d’être traversée.
C’est cesser de chercher la constance comme modèle,
et la conscience comme guide.
C’est redevenir femme comme on redeviendrait nature :
libre, irrégulière, intuitive, essentielle.